Préhistoire du Ripollès

 

Les vallées pyrénéennes ont été habitées dès le Paléolithique inférieur (il y a environ 200 000 ans), quand la clémence interglaciaire y a permis les établissements humains primitifs. Le prestigieux anthropologue de Ribes de Freser Eudald Carbonell, à la tête de l’équipe Grober Xaialsa, a réalisé dans le Ripollès ses premiers travaux d’archéologie au cours des années soixante-dix du XXe siècle. Les trouvailles du Pla del Roser, à Sant Joan de les Abadesses, datent de cette période préhistorique. Une campagne avait également été réalisée au Tut de Fustanyà, à Queralbs, qui a fourni des vestiges du Paléolithique moyen, et une autre près du mas de Palou, à Campdevànol, qui a délivré des vestiges de la fin du Paléolithique supérieur. Ce sont des lieux qui avaient accueilli les anciens campements qui subsistaient moyennant la chasse. Les gisements des cultures ultérieures, Néolithique, Âge de bronze et de fer, étaient alors de production et étendent leur témoignage jusqu’à la domination romaine. Des éléments archéologiques importants de ces époques dans la région ont été découverts dans la grotte de les Encantades de Rialb et au Roc de les Orenetes — sur le torrent de l’Estremera (Queralbs).

De la collection de matériels provenant des fouilles, les vitrines présentent des restes humains et de faune, des objets en pierre, un trousseau funéraire, des ornements et des pièces en céramique, en bronze et en fer.

Dans les années vingt, quelques prospections avaient déjà été réalisées sur le territoire, dont le résultat est exposé dans l’espace qui aborde les origines du musée.

Le Monastère

L’établissement humain dans la vallée remonte à la préhistoire ; plus tard, elle a également été occupée par successives tribus d’envahisseurs jusqu’à sa consolidation au IXe siècle, avec la fondation du monastère de Santa Maria par le comte Wilfried le Poilu lors du processus de repeuplement du territoire, quand se réunit autour de lui l’embryon de ce qui serait la cité de Ripoll.

Le monastère, confié à une communauté religieuse de l’Ordre de saint Benoît, a fait l’objet de modifications structurelles entre les IXe et XIe siècles. C’est précisément lors de ce siècle, à l’époque de l’abbé Oliba, qu’il prend sa distribution actuelle. Au XIIe siècle a été dressé le portail, une représentation en pierre de l’iconographie biblique.

Les dépendances monastiques formaient un ensemble d’édifices séparés de la population au moyen d’une muraille. Et l’abbé était le seigneur féodal sur une grande partie des territoires et sur la société de Ripoll, dont il contrôlait les domaines politique, économique, judiciaire, urbanistique… De bons exemples sont la construction d’un canal pendant la régence de l’abbé Arnulf ou l’autorisation de construire un hôpital au XVIe siècle.

Il n’est donc pas étrange qu’à partir du XIIIe siècle les habitants de Ripoll aient essayé sans succès de se libérer du joug féodal. Au XIVe siècle, le monastère a créé la communauté de chapelains de l’église de Sant Pere qui, avec le temps, est devenue le symbole de l’opposition de la cité au pouvoir de l’abbé. Il y a également eu des disputes entre les deux institutions pour la suprématie religieuse – Sant Pere était la paroisse de Ripoll – et entre l’abbaye et les habitants des possessions qu’elle possédait dans toute la Principauté.

Ces facteurs ont aggravé la décadence dans laquelle était tombé le monastère, dont le point final a été la défaite de la première moitié du XIXe siècle : la cité obtient son indépendance en 1812, et dans le cadre de la Première Guerre Carliste (1833-1840), le ministre Mendizábal a promu la vente des biens du monastère par l’État et la sécularisation des moines.

L’occupation de Ripoll par les troupes carlistes, en mai 1839, a comporté la destruction de nombreuses maisons. À la fin du conflit armé, elles ont été reconstruites avec des matériaux qui se trouvaient dans les édifices abandonnés de l’ensemble monastique, qui ont servi de carrière improvisée.

Lors de la seconde moitié du XIXe siècle se sont alternées les périodes de consolidation de l’église et d’autres où s’accentue sa dégradation. Ce n’est qu’en 1886 que commence la restauration de la basilique et du cloître, selon le projet de l’architecte Elies Rogent et sous les auspices de l’abbé de Vic, Josep Morgades. Les travaux, bien qu’ils se soient prolongés jusqu’au début du XXe siècle, se sont officiellement achevés en 1893.